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Interview avec Xavier Duvet

Xavier Duvet

Xavier Duvet est célèbre pour ses bandes dessinées mettant en scène la soumission et la féminisation. Dans cette interview, il nous parlera de son travail mais aussi de son goût pour le fétichisme.

www.xavierduvet.com

Pouvez-vous Xavier Duvet vous présenter et décrire votre univers ?

Et bien je suis dessinateur, illustrateur, graphiste, web designer et artiste (bien que je n’aime pas le mot, que je trouve trop souvent galvaudé); il faut tout savoir faire dans ce métier si on veut s’en sortir et si on a un minimum de curiosité. En ce qui concerne la BD, mon univers est principalement axé sur le fétichisme et le monde du SM sous toutes ses formes.

Quel est votre parcours ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner. Tout petit, je recopiais les dessins de « Snoopy », « Lucky Luke ». Gamin, je dessinais à la perfection des « Gaston » dans les marges de mes cahiers d’école. D’aucuns diront qu’il s’agit d’un don, je préfère n’y voir que du travail, beaucoup de travail ! J’ai d’ailleurs encore l’angoisse de la page blanche quand je me met devant ma table à dessin (mais peut-être est-ce vraiment cela l’acte de création… l’enfantement dans la douleur 🙂 ). Un de mes dessinateurs préférés (Gil Kane) disait dans une interview que chaque matin, il faisait des heures de crayonnés avant de se mettre véritablement à dessiner, comme s’il avait peur de ne plus savoir dessiner… d’avoir oublié.


Bon élève, mes parents m’ont poussé à aller jusqu’au BAC. J’entends encore mon père me disant « dessinateur ? c’est pas un métier. » (Heureusement, il a bien changé d’avis depuis 🙂 ). Ce qui ne m’a pas empêché en parallèle de placer mes premiers dessins. Je dois dire que j’en ai poussé des portes de rédactions avant qu’une s’ouvre vraiment. Les premiers à m’avoir fait confiance et donné 3 petits dessins à faire pour leur magazine furent « casus belli » (merci Didier !), un mag sur les jeux de rôle (une de mes autres passions). Ce n’était que trois culs de lampe (jargon de dessinateur pour designer des petits dessins en bas de textes) pour le jeu Car Wars et représentant des « deux chevaux » blindés. Ce fut mon premier contrat rémunéré, pas beaucoup, mais correct et je crois bien que je les aurais fait pour rien tant j’étais fier d’être publié. Mon BAC en poche, lorsque mes parents me demandèrent ce que je voulais maintenant faire, je répondais inlassablement « de la bande dessinée ». J’entrais donc pendant un an dans une « école » préparatoire aux examens des grandes école d’art. Manque de bol, tout les profs de cette école démissionnèrent cette année là (pour quelle raison ?). Si bien que nous nous retrouvions (les élèves) à ne faire pratiquement que des études de nu anatomique (ce qui m’a certainement servi bien malgré moi ).
Puis je passais les fameux examens de ces écoles célèbres pour me voir refuser sous prétexte que « j’avais déjà un style trop prononcé et que mes connaissances en couleur étaient trop faibles » (un comble non ?). Pendant les années qui suivirent, je me formais donc en autodidacte tentant ma chance dès que c’était possible et je collaborais à bien d’autres publications (Grâal, Broos, Fleuve noir anticipation, Amstrad magazine, etc.) et divers éditeurs. Ma plus longue collaboration fut bien sûr avec Casus Belli ( du numéro 18 au 32… de mémoire), mais la science-fiction; le fantastique ça ne nourrit pas son homme. Trop de demande, pas assez d’offre.

Un de mes frères qui faisait des études de graphisme avait un aérographe qui trainait dans sa chambre. Je lui empruntais et commençais à faire mes premières peintures… d’abord d’héroïque fantasy, puis de pin-up.
Timidement, je les montrais à mes proches qui m’encouragèrent dans ce sens. Je me décidais donc à les montrer à un éditeur de BD adultes. Je ne savais pas en poussant les portes que ce serait le début d’une grande aventure. Une aventure qui commença d’une bien étrange manière. J’avais trois illustrations de « pin-up » à proposer en plus de mon portfolio « classique » et ni la rédactrice en chef, ni le directeur de publication n’arrivaient à se mettre d’accord sur celle qu’il voulait. Je pris donc à parti des plombiers qui faisaient des réparations dans leurs locaux, qui furent unanimes: « prenez les trois, elles sont super ! ». J’allais quitter la rédaction, content d’avoir vendu mes 3 projets de couvertures quand le patron me rattrapa, me demandant, si je voulais faire de la BD. Tu parles, Charles ! De la BD, j’en avais bien fait des petites de 2, 3 ou 4 pages (même avec un scénariste de Métal hurlant) qui avaient été publiés à droite ou à gauche, mais devant le refus répété des grands éditeurs, j’en avais oublié jusqu’à l’idée. Pourtant ce jour là, je repartis avec mon premier scénario (signé Filippini, ex-rédacteur en chef de Circus magazine) de BD sous le bras…

Comment travaillez-vous au quotidien, quelles sont les techniques que vous utilisez à la fois pour la bande dessinée et pour vos autres activités ?

Actuellement, je travaille beaucoup directement au crayon. Après avoir écrit mon scénario, je fais mes premières esquisses, que je redécalque, puis par transparence (table lumineuse) je met ma planche (page de BD) au propre sur le papier. Enfin, je scanne ma planche et retravaille les contrastes, la texture des bas et j’ajoute les textes à l’ordinateur. Grosso modo ça représente 3 jours de boulot pour une page en noir et blanc. La couleur demande quelques étapes supplémentaires directement sur le papier (je n’utilise pas l’ordi pour faire les couleurs, mais un aérographe – un genre de petit pistolet à peinture ). Là, on arrive facilement à 5-7 jours de travail.

D’où viennent vos influences et qu’est ce qui vous inspire ?

En fait, je ne raconte pas vraiment des histoires avec une narration traditionnelle (sauf dans certains cas, comme le journal d’une soubrette), mais plutôt des tranches de vies (un peu romancée). Je m’inspire de récits qui me sont envoyés, de confessions sur le web ou tout simplement de la vie de tous les jours (il suffit de savoir écouter et observer les gens…). Pour le style de graphisme, je n’ai plus vraiment d’influence, même si j’adore le travail de certains autres auteurs de BD et illustrateurs (Neal Adams, Liberatore, Harold Foster, Gil Kane, Sorayama, James Bama… et j’en oublie). Je suis un grand fan de comics; j’apprécie moins la BD franco/belge que je trouve trop coincée dans sa mise en page et bien moins novatrice qu’il y a quelques années (ah! l’époque de Métal Hurlant ou chaque page de BD était un grand coup de poing qui vous estomaquait !) .

Diriez-vous que vous mettez en scène vos fantasmes ou plutôt des situations vécues ?

Les deux, bien que j’ai compris (dans mon cas) qu’il valait mieux dessiner des fantasmes que les vivre… je suis trop perfectionniste et cela me boufferait littéralement; alors je laisse divaguer mon imagination et m’en sert pour adapter les fantasmes des autres. Même si je dessine pour mon plaisir (j’ai cette chance), tout mon travail serait inutile s’il ne contentait pas aussi le plaisir des autres.

Pouvez-vous nous parler de votre approche de la féminisation et de la soumission ainsi que de la façon dont vous les mettez en scène ?

J’ai toujours trouvé cet univers passionnant. En fait j’ai découvert les BD de Stanton et John Willie (le créateur de Gwendoline) vers 14 ans, ça été une véritable claque. Je n’avais jamais imaginé que des personnes puissent avoir une sexualité comme celle qu’ils décrivaient. Je trouvais cela à la fois dérangeant et attirant. Aller savoir pourquoi ? Le pire c’est que lorsque je me suis mis à dessiner des histoires sur le SM, je n’avais jamais fréquenté le milieu SM/fétichiste, mais je sentais que les dessinateurs de ma génération qui le décrivait le faisait mal (pardon les gars); souvent de façon trop caricaturale.

Dès années plus tard, lorsque j’ai commencé à être invité dans les soirées fétichistes, je me suis aperçu que d’abord les gens de cet univers étaient très charmants, ouverts et souvent bien plus compréhensifs que les « institutions bien pensantes ». Qui plus est, je me suis rendu compte que j’avais visé juste en essayant de décrire ce monde avec une approche plus humaine; beaucoup de travestis m’ ont dit se reconnaître à travers leur parcours dans mes BD. Bien sûr, je décris un univers un peu extrême (bien que souvent en dessous de la réalité, si on regarde sur les blogs du web maintenant) parce que tout le monde ne vit pas ses fantasmes d’un manière aussi poussée que je les dessine et parce qu’il faut faire du « beau » pour plaire. Je fais en sorte que mes personnages soient sexy.

Pensez-vous que l’on comprend mieux l’œuvre d’un artiste si l’on connaît ses fétichismes et quels sont les vôtres ?

Non, comme je le disais, le principal est que les lecteurs se retrouvent dans mon travail ou que cela ne les laisse pas totalement indifférent. J’ai eu un article dithyrambique dans les Inrockuptibles d’un journaliste qui en fin de compte trouvait mes BD un peu dérangeantes, mais digne d’intérêt (si j’ai bien compris le sens de ses mots). Ça m’a fait rire, parce que la boucle est bouclée, je pense réussir à faire ressentir la même chose que la sensation que j’ai connu en découvrant les œuvres de John Willie… Ce qui est sur c’est qu’en lisant mes BD on devine que je suis un fétichiste du bas nylon et des talons aiguilles, mais je ne l’ai jamais caché. Je trouve qu’il n’y a rien de plus magnifique que les jambes d’une femme parée de ces atours.

Xavier Duvet, que pouvez-vous dévoiler de vos projets ?

Et bien je conduis de front plusieurs projets: une BD biographique sur John Willie, la suite de ma série « féminisation », ainsi qu’une nouvelle série fétichiste « Miss fortuna » que l’on retrouvera sur mon site www.xavierduvet.com (et hop un peu de pub 🙂 ) fin décembre 2008.

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